Après
la soirée Actus III à l’Académie des Beaux Arts de Saint-Gilles , nous ne quittons pas vraiment l’Académie, ni la
performance puisque que je vous invite à découvrir le travail de Tristan Robin,
responsable de l’atelier dessin de cette même-académie. Cette
nouvelle exposition, « un temps performant » est à voir à l’ Artitude
Gallery jusqu’au 18 octobre 2014.
Tristan Robin y poursuit ici sa réflexion menée
depuis quelques années sur l’habitat pavillonnaire et le
conformisme mortifère de son « prêt-à -
Habiter ». Son travail expose les
actions triviales d’un quotidien dans l’environnement très conformiste des
habitats modulaires actuels.
Au
départ : une vidéo de 70 minutes réalisée en caméra fixe, image en temps
réel, d’un style presque informatif, technique, didactique. Tristan Robin se
filme en train de monter une structure de type de celles développées par la
marque au logo bleu et jaune bien connue. Mais rien n’est vraiment statique :
on y voit l’artiste se déplacer autour de cette édification cubiste et peu Ã
peu une gestuelle du monteur se crée.
De cette performance, Tristan
Robin tire une série de treize dessins, 13 empreintes de cinq minutes du
chantier, dont la scansion apparait, indiquée par le « time code » au bas des
compositions. 13 tableaux où sur fond d’un acrylique épais s’affichent l’élégance
de schémas réalisés à la craie.
L’artiste, tel un géomètre ou un
architecte, nous livre ses esquisses monochromes et compose en négatif /
positif le dialogue géométrique des cadres montés, des panneaux en désordre,
des fragments d’espace, et y promène sa silhouette d’artiste en bougé
photographique.
Et le temps s’écoule et s’inscrit.
Et des traces sont laissées. Bien qu’essentiellement abstraits, ces dessins,
témoins d’une réalité physique, contrastent avec la distance presque
conceptuelle de la vidéo qui leur a donné vie.
Par cette recherche Tristan Robin
aborde la question du geste créatif à travers son coût, sa plus-value sur le temps de travail et plus
largement celle du marché de l’art où un dessin résumant cinq minutes de
montage peut excéder la valeur financière de ladite cuisine présentée dans la
vidéo.
Il nous rappelle également que la
pratique de l’art relève tant d’un jeu que d’un travail. Une même action, deux
évaluations différentes, celle d’un monde ouvrier, celle d’un monde artistique.
Et de dénoncer ici les rapports complexes entre l’art et le capital sur un
tableau noir dont les croquis de Tristan Robin en sont les témoins.
Où s’achève l’économique, où commence l’esthétique ?
Infos :
- Exposition à voir jusqu’au 18 octobre 2014